La loi de finances 2025 introduit une nouvelle taxe exceptionnelle ciblant les grandes entreprises. Cette mesure temporaire vise à renforcer les finances publiques en imposant un prélèvement supplémentaire sur les bénéfices des sociétés réalisant plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Selon le gouvernement, cette contribution devrait rapporter jusqu’à 8 milliards d’euros en une seule année.
Ce nouvel impôt suscite des interrogations et des débats au sein du monde économique. Qui est concerné ? Comment est-il calculé ? Quel impact concret pour les entreprises ? Cette contribution représente un enjeu majeur pour la fiscalité des grandes sociétés.
Dans cet article, nous allons décrypter en 5 points clés les modalités d’application de la taxe exceptionnelle 2025, en explorant des cas concrets pour comprendre son véritable impact financier.
Qui est concerné par cette taxe exceptionnelle ?
La taxe exceptionnelle 2025 s’applique uniquement aux grandes entreprises assujetties à l’impôt sur les sociétés (IS), dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 1 milliard d’euros en France. Ce seuil inclut non seulement les entreprises individuelles mais aussi les groupes fiscalement intégrés.
Le chiffre d’affaires retenu pour l’application de la contribution exceptionnelle est celui réalisé en France par l’entreprise ou son groupe fiscalement intégré. Il correspond au chiffre d’affaires hors taxes des activités normales et courantes, à l’exclusion des produits exceptionnels et financiers, sauf pour certains secteurs comme la banque.
La contribution exceptionnelle ne s’appliquera que sur une seule année fiscale, l’exercice 2025, contrairement à la version initiale du PLF 2025 qui prévoyait son application sur deux exercices consécutifs.
Dans ce cadre, c’est généralement la société mère qui est redevable de la contribution, car elle centralise l’imposition sur les bénéfices au sein du groupe intégré. Toutefois, pour les groupes n’ayant pas opté pour l’intégration fiscale, chaque entité est imposée individuellement en fonction de son propre résultat. Cela signifie qu’une filiale réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 1 milliard d’euros peut être exemptée si elle n’est pas intégrée fiscalement à une société mère atteignant ce seuil.
Cette contribution exceptionnelle n’est pas une charge déductible pour la détermination du résultat fiscal. Elle devra être réintégrée extra-comptablement, ce qui en augmente le coût effectif pour les entreprises.
Selon les estimations officielles, environ 400 entreprises seraient concernées par cette mesure. Parmi elles, on retrouve de grandes sociétés industrielles, des groupes du CAC 40 ainsi que certaines multinationales ayant une forte implantation en France.
📌 Dans les groupes fiscalement intégrés, la taxe est due par la société mère et calculée sur l’ensemble du groupe. En revanche, pour les groupes non intégrés fiscalement, chaque entité est imposée individuellement si elle dépasse 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Pourquoi cette taxe cible-t-elle les grandes entreprises ?
L’objectif affiché par le gouvernement est d’imposer les sociétés qui ont généré des bénéfices importants ces dernières années, notamment dans les secteurs qui ont prospéré malgré les crises récentes (énergie, numérique, finance). Ce type de contribution exceptionnelle a déjà été appliqué en France, par exemple en 2011 après la crise financière.

Comment est calculé le montant de la contribution ?
La contribution exceptionnelle est calculée en fonction de l’impôt sur les sociétés (IS) dû par l’entreprise, avec un taux progressif selon le chiffre d’affaires. Voici les règles établies par le PLF 2025 :
Taux appliqués selon le chiffre d’affaires
Chiffre d’affaires annuel | Taux appliqué sur l’IS (exercice 2024) | Taux appliqué sur l’IS (exercice 2025) |
---|---|---|
Entre 1 et 3 milliards € | 20,6 % de l’IS dû | 10,3 % de l’IS dû |
Supérieur à 3 milliards € | 41,2 % de l’IS dû | 20,6 % de l’IS dû |
Ces taux sont appliqués sur l’impôt sur les sociétés avant toute imputation de crédits ou réductions d’impôt. Cela signifie que les avantages fiscaux habituels (CICE, CIR, amortissements) ne réduisent pas le montant de cette contribution.
Un mécanisme de lissage est prévu pour atténuer les effets de seuil, afin d’éviter qu’une entreprise dépassant le seuil d’assujettissement de peu (moins de 100 millions d’euros) ne soit immédiatement soumise aux taux maximaux.
Une assiette basée sur deux années fiscales
La contribution exceptionnelle est calculée sur la base de l’impôt sur les sociétés (IS) dû, en appliquant un taux progressif selon le chiffre d’affaires. Toutefois, son assiette repose sur une moyenne de l’IS payé au titre des exercices 2024 et 2025.
Contrairement à une véritable rétroactivité fiscale, cette méthode ne consiste pas à imposer directement les bénéfices de l’année 2024, mais à utiliser cet exercice comme référence pour établir un montant moyen d’IS servant de base au calcul de la contribution.
Ce point, bien que juridiquement subtil, peut limiter les risques de contestation constitutionnelle, car il ne s’agit pas d’une taxation supplémentaire sur des bénéfices déjà réalisés, mais d’un ajustement temporaire de l’impôt sur les sociétés en fonction d’une tendance récente des résultats fiscaux des entreprises concernées.
Un paiement en plusieurs échéances
- 98 % du montant estimé de la contribution doit être réglé dès décembre 2025, en même temps que le dernier acompte de l’IS.
- Le solde sera ajusté en 2026 en fonction du montant définitif de l’impôt sur les sociétés.
La contribution exceptionnelle pourrait impacter les calculs de taxation minimale du Pilier 2 (OCDE), notamment en augmentant le taux effectif d’imposition en France. Les groupes concernés devront ajuster leurs impôts différés pour intégrer cette taxe temporaire.

Une taxe aux effets encore incertains
Si le gouvernement justifie cette contribution exceptionnelle par la nécessité de rééquilibrer les finances publiques, son impact réel sur l’économie reste incertain.
Les grandes entreprises devront adapter leurs stratégies fiscales et financières, mais cette mesure pourrait aussi entraîner des effets secondaires :
- Moins d’investissements en France.
- Possible délocalisation de certaines activités.
- Réactions négatives des investisseurs et des marchés.
Cette taxation ponctuelle pourrait-elle devenir une habitude fiscale en cas de déficits persistants ? C’est une question qui reste en suspens.

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