Êtes-vous déjà allé dans un pays dont vous ne maitrisiez pas bien la langue ? Quelle sensation désagréable vous envahit quand vous souhaitez exprimer une idée mais que vous n’avez pas le vocabulaire pour le faire. Même si vous avez quantité de choses intéressantes à dire et à transmettre, vous êtes limité par la barrière du langage. Disons-le tout de go : on se sent idiot, ou plutôt on craint de le paraitre.
Ainsi en est-il à chaque fois que l’on ne maitrise pas tous les tenants et aboutissants d’une situation, quand on est confronté à quelque chose de nouveau, que l’on démarre un nouveau poste, etc. De quoi faire disparaitre tout votre leadership ?
Le leadership : l’humilité d’apprendre
Apprendre quelque chose de nouveau est un processus désarmant dans le sens où vous devez mettre de côté l’idée de paraître intelligent. Ce petit moment gênant où vous devez faire preuve d’humilité pour apprendre est une montagne pour certains. J’ai été formateur durant de longues années et j’enseigne aujourd’hui auprès de jeunes adultes dans des écoles de commerce et il y a une attitude qui bloque l’apprentissage : la crainte du paraitre.
Pour apprendre, il est nécessaire de se positionner en tant qu’apprenant, exercer la démarche humble d’acquérir une nouvelle compétence.
Et ça, c’est particulièrement compliqué lorsque l’on souhaite apparaitre comme le maitre du navire qui tient la barre en toute situation ! C’est l’une des raisons pour lesquelles certains managers recrutent de façon maladroite.
Un bon leader est un bon élève
J’ai constaté cette posture chez un grand nombre de dirigeants et de cadres. Ils vous posent une question et avant même que vous n’ayez fini de répondre, ils hochent la tête en faisant mine d’avoir compris ou de connaitre la réponse à leur propre question.
Comme si le fait de se soumettre à la réponse d’un autre allait remettre en question leur leadership. Ils sont d’ailleurs, en général, de mauvais managers car toujours dans des mécanismes de défense et ils imposent en général une autorité de fer.
À l’inverse, ceux qui savent se positionner en tant qu’apprenant, ceux qui ont l’humilité de reconnaitre qu’ils ne savent pas sont plus facilement de bons leaders. Ils savent s’adapter, ne sont pas dans une position de crainte et entretiennent de meilleurs rapports avec leurs équipes. Ils alimentent les conversations de questions et se nourrissent réellement de vos réponses.
Vive le statu quo
Ainsi, on se limite souvent aux outils que l’on connait, on se restreint à d’anciens logiciels ou d’anciennes façons de faire par peur d’apprendre (et en filigrane, par peur d’échouer). On finit par défendre de vieilles pratiques, à prononcer le fameux « c’était mieux avant » et à rejeter la nouveauté.
Finalement, Word 97 n’était pas si mal ! On reste sur le même type de téléphone car on en connait bien les rouages et changer de système se révèle fastidieux, le nouveau photocopieur semble excellent mais devoir lire la documentation est tellement pénible.
Vieux outils, manque de résultats
Si Victor Hugo a écrit « Les misérables » à la plume, je suis heureux de pouvoir taper ces quelques lignes sur mon ordinateur portable, confortablement installé derrière mon bureau.
Ainsi, nous voyons quantité de managers, de chefs d’entreprise, de commerciaux, de marketers en pleine perte de repaire face à la digitalisation de nos processus de communication et de ventes ou devant l’arrivée de l’IA et la crainte d’être subitement remplacés. Les vieilles combines ne fonctionnent plus et il faut se remettre en cause et apprendre à nouveau, sous peine de mourir.
Pour aller plus loin : LEADERSHIP INSPIRANT OU MOTIVANT : COMMENT TIRER LE MEILLEUR DE VOS ÉQUIPES ?
Ne plus apprendre, c’est mourir un peu
Les retraités qui restent dans une posture d’apprentissage, dans une disposition d’esprit favorable à l’apprentissage et se révèlent ouverts et curieux de tout, vieillissent mieux et tissent de meilleurs liens sociaux. Les autres ont tendance à vieillir prématurément, le décalage avec la société qui les entoure se creusant d’autant plus vite.
J’ai remarqué que les autodidactes ont besoin d’apprendre constamment. Ne plus apprendre les ennuie. Ne plus être soumis à des challenges les attriste. Ils veulent tester de nouvelles choses, trouver de nouveaux terrains d’expérimentation.
Vous voulez rester jeune ? Apprenez !
Et si ça venait de l’école ?
Et si finalement, la peur d’apprendre venait tout simplement de la crainte de la mauvaise note, de l’angoisse de l’évaluation ? Et si nous faisions fausse route avec un système scolaire basé sur la notation et la performance plutôt que sur l’encouragement et le dépassement de soi ? Apprendre ne réduira jamais votre leadership, bien au contraire !
Si les premières minutes d’apprentissage vous paraissent difficiles, si la crainte vous envahit, pensez à ce que les prochaines heures vous apporteront ! Une fois ce palier dépassé, quand de nouveaux horizons s’offriront à vous, quand vous aurez dépassé vos limites, imaginez ce que cela pourra apporter à votre entreprise ou à votre carrière.
Dans la vie, il n’y a souvent de limites que celles que l’on se pose …