Une gestion efficace de la trésorerie est le nerf de la guerre pour toute entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. Elle conditionne non seulement la capacité à faire face aux dépenses courantes (salaires, charges, fournisseurs), mais aussi à investir, innover, ou tout simplement survivre aux imprévus.
Or, de nombreuses entreprises, y compris des structures rentables, rencontrent des difficultés financières simplement parce qu’elles ont commis des erreurs évitables dans la gestion de leur trésorerie. Dans cet article, nous allons identifier cinq erreurs courantes qui peuvent mettre en péril votre équilibre financier, et surtout, vous proposer des solutions concrètes pour les éviter.
Erreur n°1 : Ne pas suivre sa trésorerie au quotidien
La première erreur – et probablement la plus répandue – consiste à ne pas piloter sa trésorerie de manière proactive. Trop souvent, les dirigeants se contentent de consulter leur solde bancaire ou d’attendre les états comptables mensuels pour se faire une idée de leur situation financière.
Pourquoi c’est dangereux ?
La trésorerie n’est pas un simple reflet du compte bancaire. Un solde positif ne signifie pas que tout va bien : vous pouvez avoir des encaissements en attente, des paiements différés, ou des dettes fiscales à venir. À l’inverse, un découvert ponctuel peut être maîtrisé s’il est anticipé.
Ignorer les flux de trésorerie entrants et sortants, même pendant quelques jours, peut conduire à :
- Des paiements rejetés,
- Des frais bancaires inutiles,
- Une perte de crédibilité vis-à-vis des partenaires.
✅ La bonne pratique : mettre en place un suivi rigoureux
- Adoptez un tableau de trésorerie prévisionnel, mis à jour chaque semaine (voire chaque jour en période tendue).
- Visualisez les encaissements attendus (clients, aides, remboursements) et les décaissements à venir (salaires, charges sociales, fournisseurs, impôts…).
- Utilisez des outils de gestion en temps réel (QuickBooks, Agicap, Pennylane…) connectés à vos banques et logiciels comptables.
Même une simple feuille Excel bien structurée peut faire des miracles, si elle est tenue à jour avec rigueur.
Erreur n°2 : Accorder trop de délais de paiement (ou mal encadrer ses conditions de règlement)
Pour gagner un marché ou fidéliser un client, certaines entreprises sont tentées d’accorder des conditions de règlement longues… voire très longues. D’autres oublient de formaliser clairement leurs CGV ou négligent les relances.

Pourquoi c’est risqué ?
En laissant vos clients payer à 60 ou 90 jours sans garantie, vous jouez le rôle de banquier… sans rémunération. Cela crée un décalage entre vos sorties de trésorerie (vous payez vos charges et vos fournisseurs) et vos rentrées (clients qui tardent à régler).
Les conséquences ?
- Trésorerie asphyxiée,
- Besoin de recourir à des financements coûteux (découverts, affacturage),
- Risque de créances irrécouvrables.
✅ La bonne pratique : encadrer et sécuriser ses délais clients
- Fixez des conditions de règlement claires dès le devis ou le contrat : 30 jours fin de mois, acompte à la commande, escompte pour paiement anticipé…
- Mettez en place un processus de relance automatisé, dès la veille de l’échéance.
- Facturez sans délai après la prestation ou la livraison.
- En cas de doute sur la solvabilité d’un client, pensez à l’assurance-crédit.
Le délai légal de paiement entre professionnels est de 60 jours maximum (sauf exceptions prévues contractuellement).
Erreur n°3 : Négliger les charges fixes ou mal anticiper les dépenses futures
Dans les périodes de croissance ou d’euphorie commerciale, il est tentant d’embaucher, de s’installer dans de nouveaux locaux, ou de multiplier les abonnements à des outils digitaux. Si ces charges fixes ne sont pas maîtrisées, elles peuvent vite devenir un poids difficile à absorber quand l’activité ralentit.
Ce qui fragilise la trésorerie
- Une hausse des charges fixes récurrentes sans lien direct avec l’activité réelle,
- L’absence de provisions pour les charges à venir (CFE, taxes, congés payés, etc.),
- Une mauvaise anticipation des échéances fiscales et sociales.
✅ La bonne pratique : modéliser ses charges et provisionner
- Faites un point trimestriel sur vos charges fixes, pour identifier celles qui peuvent être réduites ou renégociées.
- Établissez un plan de trésorerie annuel intégrant toutes les dépenses connues ou prévisibles.
- Constituez des réserves, même modestes, en période favorable : elles peuvent sauver l’entreprise en cas de baisse de régime.
La cotisation foncière des entreprises (CFE), exigible en décembre, peut représenter plusieurs milliers d’euros. Anticiper cette échéance permet d’éviter les tensions en fin d’année.
Erreur n°4 : Mal gérer ses stocks (ou immobiliser trop de liquidités)
Que vous soyez commerçant, industriel ou prestataire de services, les stocks peuvent vite devenir un gouffre financier s’ils ne sont pas gérés avec méthode. Acheter trop tôt, trop en quantité, ou sur des références peu demandées revient à immobiliser de la trésorerie inutilement.
Pourquoi c’est problématique ?
Chaque produit en stock représente une dépense déjà réalisée (achat, livraison, stockage…), mais pas encore transformée en chiffre d’affaires. Plus le stock est important, plus vous avez besoin de trésorerie pour le financer – sans certitude sur la revente.
Ce problème s’accentue dans les cas suivants :
- Périodes d’activité cyclique ou saisonnière,
- Références obsolètes ou peu rotatives,
- Mauvaise prévision de la demande.
✅ La bonne pratique : piloter les stocks avec des indicateurs clés
- Analysez le taux de rotation de vos stocks : plus il est élevé, plus votre trésorerie est réactive.
- Évitez les surstocks grâce à un suivi régulier de la demande réelle.
- Négociez avec vos fournisseurs des délais de paiement ou des livraisons en flux tendus (juste à temps).
- Valorisez les invendus via des opérations de déstockage, ou externalisez certains produits à rotation lente.
Un stock mal géré, ce n’est pas seulement de l’argent perdu. C’est aussi du temps, de l’espace, des frais de maintenance ou d’assurance inutilement supportés.
Erreur n°5 : S’endetter à court terme pour financer du long terme (ou inversement)
Le recours au crédit est parfois nécessaire, notamment pour financer un investissement ou renforcer sa trésorerie. Mais mauvais alignement entre type de financement et nature de la dépense peut fortement déséquilibrer votre trésorerie.
Exemple d’un mauvais choix
- Financer l’achat d’un véhicule sur fonds propres ou via un découvert bancaire : votre trésorerie est amputée immédiatement, sans étalement.
- Utiliser un crédit long terme pour combler un trou temporaire de trésorerie : vous payez des intérêts sur plusieurs années alors que le besoin est ponctuel.
✅ La bonne pratique : adapter le financement à l’usage
- Court terme : utilisez un découvert autorisé, un crédit de trésorerie ou de l’affacturage pour gérer des décalages temporaires d’encaissements.
- Moyen/long terme : privilégiez un prêt bancaire, un crédit-bail ou un leasing pour financer des investissements (matériel, travaux, véhicules…).
Un bon ratio de dettes à court terme vs long terme est un excellent indicateur de la santé financière d’une entreprise.
Synthèse : comment garder une trésorerie saine au quotidien ?
Pour résumer, voici un tableau des 5 erreurs à éviter et des solutions associées :
Erreur | Conséquences | Bonne pratique |
Ne pas suivre sa trésorerie | Découverts, mauvaise anticipation | Suivi régulier + outils adaptés |
Délai de paiement trop long | Ralentissement des encaissements | Conditions claires + relances |
Charges fixes mal maîtrisées | Pression constante sur la trésorerie | Prévision et provision |
Stocks mal gérés | Argent immobilisé, invendus | Pilotage + rotation des stocks |
Mauvais choix de financement | Surcoûts, déséquilibre | Financement adapté à chaque usage |
La trésorerie, ce n’est pas seulement un indicateur financier parmi d’autres. C’est le baromètre de la santé réelle de votre entreprise, celui qui vous permet de dormir sereinement… ou de passer des nuits blanches. Et comme nous l’avons vu, il ne suffit pas d’avoir un bon chiffre d’affaires ou une comptabilité rigoureuse pour garantir une trésorerie solide.
En évitant les cinq erreurs détaillées dans cet article – absence de suivi, délais clients mal encadrés, charges mal anticipées, stocks surdimensionnés et financements inadaptés – vous posez les bases d’une gestion saine et durable.
Mais pour aller plus loin, voici quelques conseils bonus pour muscler votre trésorerie face aux aléas du contexte actuel.

Conseils bonus pour renforcer votre trésorerie (même par temps incertains)
1. Réalisez un audit de trésorerie annuel (ou semestriel)
Prenez le temps de faire un point complet sur :
- Vos cycles d’encaissement et de décaissement,
- Vos soldes bancaires moyens,
- Vos charges fixes et variables,
- Vos besoins en fonds de roulement (BFR),
- Vos sources de financement.
Un audit permet d’identifier les points de tension avant qu’ils ne deviennent critiques.
2. Suivez votre BFR de près
Le besoin en fonds de roulement (BFR) est un indicateur clé : il mesure le décalage entre ce que vous payez (stocks, fournisseurs, charges) et ce que vous encaissez (clients).
Un BFR mal maîtrisé, c’est une trésorerie qui se tend, même avec une activité rentable.
Optimisez-le en réduisant vos délais clients, en négociant vos délais fournisseurs et en diminuant vos stocks.
3. Constituez une réserve de sécurité (même modeste)
Il est fortement conseillé de prévoir une trésorerie de précaution, équivalente à 1 ou 2 mois de charges courantes. Cela vous permet de :
- Faire face à un retard de paiement client,
- Anticiper une baisse d’activité,
- Réagir rapidement en cas d’opportunité ou d’imprévu.
Même si elle est difficile à constituer en début d’activité, cette réserve devient vite vitale à moyen terme.
4. Diversifiez vos sources de revenus
Une trésorerie trop dépendante d’un seul client ou d’un seul canal de vente est vulnérable. Essayez de :
- Multiplier les clients ou typologies de clients,
- Développer de nouveaux canaux de vente (en ligne, indirects…),
- Proposer des offres complémentaires ou des abonnements.
Un portefeuille clients bien diversifié protège votre trésorerie contre les mauvaises surprises.
5. Entourez-vous des bons partenaires
Un expert-comptable, un banquier, un conseiller en gestion ou un outil digital bien choisi peut faire toute la différence. Ces partenaires vous aident à :
- Mettre en place des outils de suivi efficaces,
- Prévoir vos échéances fiscales et sociales,
- Identifier des financements adaptés,
- Réagir rapidement à la moindre alerte.
Chez Extencia, nous accompagnons des centaines d’entrepreneurs dans le pilotage de leur trésorerie. Nous savons qu’il n’existe pas de recette miracle, mais qu’un accompagnement personnalisé permet souvent d’éviter le pire… et de viser le meilleur.
En résumé
La trésorerie, ce n’est pas l’affaire d’un instant, mais d’une vigilance continue. En évitant les erreurs classiques, en vous appuyant sur des outils et des conseils adaptés, vous pouvez transformer la gestion de trésorerie d’un poste à risque… en levier stratégique de croissance.
“Une entreprise ne fait pas faillite par manque de chiffre d’affaires… mais par manque de cash.”
Cette phrase, souvent entendue, est plus vraie que jamais.
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