À quel taux de TVA est taxé le chocolat que vous fabriquez avec passion ? Question innocente qui vous propulse soudain dans ce que la France fait de mieux : la complexité administrative élevée au rang d’art national.
Alors que vous pensiez maîtriser la subtilité des ganaches et la technique du tempérage, vous voilà face à cette exception culturelle française où une simple tablette de chocolat peut basculer entre trois taux différents selon qu’elle contient du lait, qu’elle est fourrée, ou simplement parce qu’elle est destinée à être fondue en pâtisserie.
Imaginez un instant devoir expliquer à un client pourquoi votre tablette de chocolat noir est à 5,5%, mais sa version au lait à 20%. Ou pourquoi vos orangettes bénéficient d’un taux réduit même si elles font plus de 5 centimètres, quand vos pralines changent de fiscalité selon qu’elles pèsent 19 ou 21 grammes.
C’est comme si l’administration fiscale avait voulu s’assurer que même les douceurs de la vie n’échappent pas à notre légendaire bureaucratie ! Une particularité hexagonale qui transforme parfois l’artisan passionné en comptable perplexe, jonglant entre règles et exceptions dans un ballet fiscal vertigineux.
La valse des taux de TVA : quand le chocolat joue aux chaises musicales fiscales
Le chocolat, ce produit qui fait le bonheur des gourmands, fait aussi le malheur des comptables. Saisissez votre calculatrice et préparez-vous à jongler entre les différents taux :
- Le chocolat noir relève du taux réduit de 5,5% car considéré comme un produit de première nécessité.
- Le chocolat noir fourré ? On bascule à 20%.
- Le chocolat au lait ou blanc ? 20% également.
- Le chocolat au lait destiné à être fondu en pâtisserie ? Retour à 5,5%.
Vous suivez toujours ? Nous ne faisons que commencer notre périple au pays de l’absurde fiscal.

La taille compte… fiscalement parlant
Imaginez maintenant que la dimension et le poids de votre création chocolatée déterminent son statut fiscal :
- Les bonbons de chocolat (ou pralines) de la taille d’une bouchée (moins de 20g et 5cm) sont taxés à 5,5%.
- Mais attention : le chocolat doit représenter au moins 25% du poids total de la friandise.
- Une orangette ? Taxée à 5,5% même si elle s’avale en deux bouchées. Une exception à l’exception… parce que pourquoi faire simple ?
L’emballage, ce facteur déterminant inattendu
Et oui, l’emballage s’invite également dans cette complexité fiscale ! Selon le Bulletin Officiel des Finances Publiques (BOFiP) :
Si la valeur hors taxes du contenant est supérieure à celle du contenu, alors le prix total doit être soumis au taux applicable au contenant. Toutefois, si ce dernier est facturé séparément, il peut être imposé distinctement du contenu.
Lorsque l’emballage est vendu globalement avec le produit qu’il contient et qu’il est passible d’un taux de TVA différent de celui du produit contenu, le prix de vente total doit être soumis au taux applicable à l’élément (produit ou emballage) dont la valeur est la plus élevée. Cette disposition vise à éviter les abus et doit être appliquée uniquement lorsque l’objet principal de la transaction est le contenant et que le contenu est accessoire. Par “valeur”, on entend le prix de revient de chaque élément, excluant l’emballage proprement dit (carton, polystyrène) destiné à protéger le contenant ainsi que les frais de conditionnement du produit.
Si la valeur hors taxe du contenant est inférieure à celle du contenu, l’ensemble (produit et emballage) supporte le taux applicable au produit.
Concrètement :
- Si votre joli coffret vaut plus cher que les chocolats qu’il contient, c’est le taux applicable au contenant qui s’applique sur le prix total.
- À moins que vous ne facturiez séparément l’emballage, auquel cas vous pouvez appliquer des taux distincts.
Ce critère s’applique quand l’emballage dépasse sa fonction utilitaire de protection pour devenir un objet décoratif en soi. Imaginez donc la complexité pour un coffret de Noël ou une boîte Saint-Valentin élaborée !

Les assortiments : casse-tête supplémentaire
Pour un assortiment contenant des produits à 5,5% et d’autres à 20%, la règle fiscale impose une “ventilation” comptable des produits relevant de chaque taux.
Cas pratique :
- Un moulage en chocolat noir (5,5%) garni de bonbons de chocolat (5,5%) ? L’ensemble reste à 5,5%.
- Le même moulage contenant des œufs à la liqueur en sucre ? C’est un assortiment de produits à 5,5% et 20%.
- Un moulage en chocolat au lait garni de bonbons de chocolat ? Assortiment de produits à 20% et 5,5%.
Avez-vous déjà ressenti ce moment où vous vous demandez si vous êtes artisan chocolatier ou expert-comptable ?
Le cas fascinant des moulages de Pâques
Et que dire des créations de Pâques ? Une poule en chocolat noir avec une tête en chocolat blanc et des œufs fourrés ? Le code des impôts a prévu le cas : application du taux de 20%.
À moins que vous ne souhaitiez ventiler les taux de TVA selon la proportion de chaque type de chocolat dans votre création (c’est autorisé, mais avez-vous vraiment envie de peser séparément chaque partie de votre poule en chocolat ?).
Quand le lieu de consommation s’en mêle
Le pain au chocolat illustre parfaitement cette absurdité :
- Acheté à emporter : 5,5%
- Consommé sur place : 10%
Le prix affiché reste identique, mais c’est le boulanger qui doit jongler avec les différents taux. Une gymnastique comptable quotidienne qui fait transpirer.
Pourquoi une telle complexité ?
Cette situation ubuesque résulte d’une construction historique où certains produits étaient considérés comme de luxe (taxés à 20%) et d’autres comme de première nécessité (5,5%). Les lobbies et les exceptions se sont accumulés au fil des années, créant un véritable millefeuille administratif.
Comme le résume Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, devant la Commission des affaires économiques du Sénat : “On marche sur la tête et on ne sait plus comment le dire, on subit.“

Conseils pratiques pour survivre
Face à cette complexité, quelques stratégies peuvent vous aider :
- Investissez dans des outils adaptés : Les caisses enregistreuses modernes peuvent être programmées pour gérer automatiquement ces différents taux.
- Formez régulièrement votre personnel : La connaissance précise des produits et de leur fiscalité est essentielle.
- Documentez vos choix : En cas de contrôle, il sera utile de pouvoir justifier les taux appliqués.
- Consultez un expert-comptable spécialisé : La fiscalité alimentaire est un domaine à part entière.
En attendant une simplification…
Devant cette situation, on ne peut que souhaiter une refonte du système. Mais en attendant, rappelons-nous que cette complexité est partagée par tous les professionnels du secteur.
Une certaine solidarité naît de cette absurdité commune. Les organisations professionnelles comme la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France (CCCF) et la Confédération nationale des Artisans Pâtissiers Chocolatiers Glaciers Confiseurs Traiteurs (CNAP) font régulièrement entendre leur voix pour simplifier ces dispositifs.
Gérer une entreprise artisanale, c’est déjà un défi. Ajouter la fiscalité au mélange peut rapidement devenir indigeste ! Chez Extencia, nous vous aidons à optimiser votre gestion comptable et fiscale pour que vous puissiez vous concentrer sur l’essentiel : votre savoir-faire. Prenez rendez-vous avec un expert !
